24 June 2020
„La Police ne peut pas résoudre le problème seule“
Les députés sont revenus sur la situation sécuritaire dans le quartier de la gare
La crise sanitaire a eu un impact sur la situation sécuritaire et la criminalité liée au trafic de drogues dans le quartier de la gare à Luxembourg-Ville. C’était un des constats lors d’un échange de vues entre les députés membres des commissions de la Justice et de la Sécurité intérieure ce mercredi 24 juin avec les Ministres François Bausch (Police) et Sam Tanson (Justice) ainsi qu’avec des représentants du Parquet et de la Direction de Police.
Le nombre de contrôles et d’arrestations a baissé pendant le confinement, selon les statistiques de la Police présentées aux députés. Cette baisse est tout d’abord lié au fait que « plus personne n’était dans la rue pendant les deux premières semaines du confinement » ont expliqué les représentants de la Direction de la Police. La fermeture des frontières a amplifié cette baisse, a confirmé la Direction de la Police pour répondre à une question des députés. Bon nombre de trafiquants traversent en effet quotidiennement les frontières.
Le déconfinement entraîne une hausse des délits
Néanmoins, les trafiquants se sont rapidement adaptés aux nouvelles contraintes sanitaires : « ils sont assez inventifs » ont estimé les représentants de la Police. Actuellement, les agents sur le terrain remarquent une nouvelle hausse des délits avec la reprise de la circulation. Un problème évoqué concerne l’effet dissuasif de la présence policière qui est d’un côté souhaité, mais nuit de l’autre côté aux observations nécessaires pour mener des enquêtes en profondeur afin de pouvoir repérer les réseaux de trafiquants. 14 personnes ont été arrêtés pendant le confinement, dont quatre étaient vraisemblablement des trafiquants.
Les députés se sont également intéressés au suivi judiciaire. Le parquet de Luxembourg traite en moyenne entre 10 et 15 dossiers liés aux drogues par jour. Un quart de la population carcérale au Luxembourg est en lien avec le trafic de drogues.
Concernant la situation dans le quartier de la gare, le constat d’une réunion précédente en commission parlementaire au mois de novembre se confirme, selon les différents représentants : la présence accrue des policiers a contribué à améliorer la situation. La Police avait lancé un Plan d’action et s’est donnée plus de moyens. Une trentaine de policiers ont renforcé les équipes sur place. Les effectifs supplémentaires resteront en place, a expliqué le Ministre François Bausch.
« Mais la Police ne peut pas résoudre le problème toute seule » ont encore affirmé les représentants de la Police. Les députés comptent approfondir les discussions sur d’éventuels moyens supplémentaires nécessaires ou d’éventuelles adaptions de la législation. Un débat d’orientation devrait permettre de tirer les conclusions en automne.
Vers une coopération entre le Luxembourg et la Roumanie pour combattre la mendicité organisée ?
Les mesures en place pour combattre la mendicité organisée sont-elles suffisantes ? C’était la question centrale des discussions concernant la mendicité organisée, thématique à l’ordre du jour de la réunion en commission parlementaire suite à une demande du groupe politique CSV. Plusieurs pistes ont été évoquées afin de renforcer les moyens. Premièrement, des patrouilles mixtes de policiers luxembourgeois et roumains devraient être mises en place car bon nombre des réseaux de mendicité organisée trouveraient leur origine en Roumanie. Ce dispositif se prépare actuellement. Une analyse est également en cours concernant des mesures coercitives pour les cas où un mendiant bloquerait des voies ou issues de secours.
Certains députés ont attiré l’attention sur le phénomène complexe que représente la mendicité, ils ont évoqué des questions sociales ou de traite des êtres humains qui sont liées à cette problématique. D’un point de vue juridique, le défi consiste à trouver des preuves pour une mendicité organisée et illégale, a expliqué la Ministre de la Justice Sam Tanson.